Artisan d’art dans les Laurentides je travaille l’argile, un matériau plastique issu de la roche mère. Une fois soumise au feu cette matière organique redevient minérale. Cette alchimie par le feu n’est jamais entièrement contrôlée, elle me fascine et me pousse à travailler aux limites du matériau.
En tant que céramiste je suis interpellée par le territoire que j’habite; le mien est boréal. Je puise dans cette nordicité toutes mes références, ce paysage teinte mes perceptions esthétiques et explique mon attirance pour le vivant et l’immuable. Dans mon travail je questionne la notion d’identité qui suggère aussi celle du lègue, de la mémoire, des racines, de la tradition… des éléments que je lie au temps. Créer des formes porteuses de sens, des outils rituels ou des figures évocatrices du temps oriente mon travail.
Actuellement j’aborde le thème du «passage» dans une série de longues barques sur socles faisant allusion à des traversées et des voyages intérieurs. Ces sculptures suggèrent des transformations cycliques entre différents états qui marquent nos vies laissant deviner les effets du temps. Ainsi s’installe un dialogue avec l’observateur à la manière d’un autel qui nous connecte à nous même.
Depuis quelques années je mène également une recherche sur l’urne en tant qu’objet d’art et de rituel. Ceci m’a permis de revisiter une forme fermée qui est à la fois un volume, une surface et un vide; une métaphore amplement renouvelable. Ces urnes font référence à des atmosphères ancrées dans la matière brute et dans le temps. De par sa fonction profane et sacrée l’urne me ramène à une dimension qui transcende ma propre existence et celle de ceux qui me sont chers.
Bio
Après des études de deuxième cycle en urbanisme et en paysage et des activités professionnelles dans ces sphères, j’ai fait un apprentissage de trois ans en atelier avec le potier Kinya Ishikawa pour poursuivre ensuite seule une exploration avec l’argile et ses modes de cuissons à basse température. J’ai participé à des classes de maîtres en sculpture avec les céramistes Debra Fritts (Nouveau Mexique), Gisèle Buthod-Garçon (France) et Audrey Kiloran (Québec).
En 2010 j’ai ouvert mon atelier de sculpture et tournage à Val-David dans les Laurentides. Mes recherches de textures m’ont tout de suite orientée vers les techniques de raku et d’enfumage pour leurs qualités tactiles et esthétiques.
Diane Denault est membre du Conseil des Métiers d’Art-CMAQ et du Conseil de la culture des Laurentides. Ses urnes sont présentement distribuées dans la région de Montréal dans des entreprises spécialisées de qualité. En 2012 elle a reçu une bourse de la SODEC et une subvention du CLD des Laurentides pour des activités avec le collectif Espace Kao.
Le raku est un mode de cuisson à basse température, les pièces émaillées sorties d’un four à environ 1 000 °C sont rapidement recouvertes de matières inflammables naturelles afin d’en empêcher la combustion en limitant l’apport d’oxygène au contact de l’émail en fusion. Cette phase est la réaction d’oxydo-réduction au cours de laquelle apparaissent les couleurs plus ou moins métallisées, les craquelures ainsi que l’effet d’enfumage de la terre laissée brute qui forment les principales caractéristiques de ce type de céramique. Après refroidissement les pièces sont nettoyées et polies pour enlever les résidus de suie et de cendre.